VIII. LES COLLECTIVITÉS AUTONOMES

Le Libertarianisme Libertaire repose sur un filet de sécurité d’un genre nouveau : les Collectivités Autonomes (CA). Ce ne sont ni des centres d’hébergement, ni des entreprises d’insertion, ni des hôtels sociaux. Ce sont des communautés de travail et de vie, autofinancées, diverses, et ouvertes à tous.

8.1 — Le constat de départ

Dans la société, il existe des personnes qui ne savent pas se gérer seules – par nature, par éducation, ou suite à un trauma. Certaines ont suffisamment d’énergie pour vivre, mais pas pour sortir d’une situation difficile. Elles ont besoin d’un cadre, d’un collectif, d’un accompagnement – pas d’un chèque.

Le système actuel leur offre soit l’assistanat (qui les maintient dans la dépendance), soit l’abandon (qui les laisse à la rue). Les Collectivités Autonomes proposent une troisième voie : l’intégration dans une communauté productive.

8.2 — Le fonctionnement général

Une CA est une structure où l’on vit, travaille, et partage les fruits du travail collectif. Les principes fondamentaux :

Autofinancement : chaque CA doit équilibrer ses comptes par le travail de ses membres et sa production. Pas de subvention permanente.

Travail obligatoire : tout membre contribue selon ses capacités. La CA n’est pas un hôtel.

Retenue sur revenu : les membres qui ont un emploi externe voient une partie de leur salaire retenue pour financer la vie collective.

Épargne personnelle : le surplus de chaque membre est accumulé sur un compte personnel, selon les règles de la structure et/ou sa propre volonté.

Liberté de sortie : on peut partir quand on veut (sauf dette en cours). On récupère son épargne.

8.3 — La diversité des modèles

Les CA ne sont pas monolithiques. Elles varient selon plusieurs axes :

Niveau d’encadrement : du très dirigé (on vous dit quoi faire) au totalement autogéré (décisions collectives).

Type de gouvernance : hiérarchique, démocratique, consensus, ou mixte.

Localisation : urbaine, rurale, mixte.

Spécialisation : agriculture, artisanat, services, technologie, mixte.

Règles internes : strictes ou souples, épargne bloquée ou libre, vacances autorisées ou non.

Modèle économique : coopératif pur, associatif, ou même entrepreneurial avec un fondateur qui prend une marge.

Cette diversité permet à chacun de trouver la formule qui lui convient. Il n’y a pas de modèle unique imposé.

8.4 — Les modèles de propriété

Les CA peuvent adopter différents modèles de propriété et de gouvernance :

Coopératif pur : tout est collectif, décisions partagées, pas de profit extrait.

Dirigé bénévole : un leader organise, sans prendre de profit personnel.

Associatif : structure non-lucrative, excédents réinvestis.

Entrepreneurial : un fondateur/propriétaire qui a pris le risque initial et prend une marge.

Mixte : parts coopératives + parts investisseur.

Tous ces modèles peuvent coexister. La seule exigence : transparence sur les règles à l’entrée. Qui possède quoi, qui décide quoi, qui prend quoi. Pas de surprise.

Si les membres trouvent un modèle injuste, ils peuvent partir et créer leur propre CA. La liberté de sortie régule tout.

8.5 — Le gradient dirigé → autogéré

Une personne complètement perdue peut entrer dans une CA très encadrée : on lui dit quoi faire, quand, comment. Le cadre externe lui libère de la bande passante cognitive. Elle n’a pas à se gérer, juste à suivre.

À mesure qu’elle reprend pied, elle peut migrer vers des structures plus autogérées, où elle participera aux décisions. C’est un parcours de réhabilitation, pas une case unique.

Certains y resteront toute leur vie – par choix ou par nécessité. D’autres n’y passeront que quelques mois. Le système s’adapte.

8.6 — Les statuts de membre

Les CA accueillent différents types de membres :

Résident : vit sur place, mange sur place, travaille sur place. Retenue standard sur le revenu.

Externe temps plein : vit chez soi, mais passe ses journées à la CA (repas, travail). Retenue réduite (pas de logement à financer). Il travaille comme les autres ; ce qu’on retient sur son revenu est simplement plus faible puisqu’il ne loge pas sur place.

Externe temps partiel : participe quelques jours par semaine. Contribution proportionnelle.

Statuts des membres d’une Collectivité Autonome Statuts des membres d’une Collectivité Autonome

Affilié : reste connecté à distance, cotisation symbolique, accès au réseau.

Les transitions entre statuts sont libres et fluides. On peut être résident, puis externe, puis revenir résident. Les portes sont toujours ouvertes.

8.7 — L’essai de 15 jours

Toute personne peut demander un essai de 15 jours dans n’importe quelle CA. Coût pour la structure : quasi nul (un lit, des repas, de l’observation). Bénéfice potentiel : un nouveau membre productif.

Donc aucune raison rationnelle de refuser un essai. Même quelqu’un avec une mauvaise réputation, même un expulsé récidiviste – on peut toujours lui donner 15 jours pour voir.

La porte n’est jamais vraiment fermée. Quelqu’un peut avoir échoué dix fois et trouver la onzième structure qui lui convient, ou être arrivé au bon moment de sa vie.

Ce mécanisme change tout psychologiquement. Quand les portes sont fermées, on peut se victimiser : “Ils ne veulent pas de moi.” Quand les portes sont ouvertes, la victimisation ne tient plus : “Ils m’acceptent en essai, c’est moi qui refuse d’y aller.” Le système enlève l’excuse. Il ne reste que le choix personnel.

8.8 — L’entrée volontaire

Les CA ne sont pas réservées aux “cas sociaux”. N’importe qui peut y entrer volontairement :

  • Pour économiser rapidement (pas de loyer, pas de charges)
  • Pour vivre en communauté par choix de vie
  • Pour ne pas rester seul pendant une période difficile
  • Pour trouver un cadre et une activité
  • Un chômeur, même payé par son assurance, peut directement décider d’y aller, ce qui lui permet probablement d’économiser, de rencontrer des gens, de ne pas rester seul chez lui à se morfondre, et de directement trouver une activité ou un travail pendant qu’il en cherche un autre.

Cette entrée volontaire a un effet crucial : elle mélange les profils. On ne sait pas qui est là par choix ou par nécessité. Le stigmate disparaît. C’est l’inverse du ghetto.

8.9 — L’économie de la mise en commun

La vie collective permet des économies impossibles individuellement :

Le permis de conduire : un membre expérimenté peut être accompagnateur pour la conduite accompagnée. La CA possède des véhicules partagés. Coût réel : l’examen (~30€) + quelques heures supervisées. Versus 1500€ en auto-école commerciale. Les gens s’aident entre eux : c’est quasiment gratuit.

Les vacances : échange entre CA de différentes régions. Le résident est “à charge” ici ou là, ça ne change rien. Coût marginal quasi nul. Le luxe de partir en vacances n’est presque plus un obstacle.

La formation : les membres se forment mutuellement. Cours du soir, ateliers, partage de compétences.

Les achats groupés : négociation collective avec les fournisseurs.

La garde d’enfants : mutualisée entre parents de la CA.

C’est l’économie de la débrouille organisée.

8.10 — Les services proposés

Selon leur taille et leurs moyens, les CA peuvent offrir :

Formation : accessible à tous les résidents, financée au résultat. L’organisme de formation n’est payé que si la personne se reclasse.

Activités culturelles : bibliothèque, ateliers (musique, peinture, théâtre), projections, sorties groupées. Souvent animées par les résidents eux-mêmes.

Activités sportives : salle de sport, cours collectifs, équipes inter-CA.

Échange de logements : résidents de Lille ↔ résidents de Marseille. Extension internationale possible si le modèle s’exporte.

Mobilité partagée : voitures en pool, covoiturage organisé, vélos.

Autres : garde d’enfants mutualisée, achats groupés, potagers collectifs, coworking, ateliers de réparation.

8.11 — Les activités économiques

Les CA ne sont pas des îlots isolés. Elles peuvent avoir des activités économiques ouvertes au public :

  • Un restaurant ouvert aux clients extérieurs
  • Des chambres d’hôtes ou un gîte rural
  • Une ferme-auberge
  • Un atelier artisanal vendant sa production
  • Des services aux entreprises locales

Ces activités diversifient les revenus et créent des postes de travail variés pour les membres. Mais les CA ne sont pas des hôtels ou des restaurants au sens classique, même si cela peut faire partie de leurs services.

La distinction est claire :

Relation interne (membre) : contribution par le travail, retenue sur revenu

Relation externe (client) : prix de marché, relation commerciale classique

8.12 — Les sources de revenu des CA

Une CA équilibre ses comptes grâce à plusieurs sources :

Travail des résidents : salaires captés (emplois externes) ou travail interne

Travail des externes : même logique, retenue plus faible

Production interne : agriculture, artisanat, services vendus

Partenariat avec les assurances chômage : prime au placement réussi

Sources de revenus d’une Collectivité Autonome Sources de revenus d’une Collectivité Autonome

Cotisations des affiliés : symboliques mais nombreuses

Services aux entreprises : main d’œuvre, sous-traitance

La diversification assure la résilience. Pas de dépendance à une seule source.

8.13 — Les fédérations de CA

Les CA peuvent s’associer en fédérations pour :

  • Avoir plus de poids face aux fournisseurs (achats groupés)
  • Échanger leurs expériences et bonnes pratiques
  • Élargir les possibilités (vacances, mobilité, échanges)
  • Mutualiser certains services (formation, juridique, comptabilité)

C’est l’équivalent d’une franchise ou d’une coopérative de coopératives. Économies d’échelle sans perte d’autonomie locale.

8.14 — L’expulsion et la réputation

Une CA peut expulser un membre qui ne joue pas le jeu. C’est essentiel pour que l’autofinancement fonctionne : on ne peut pas porter indéfiniment des passagers clandestins.

Le membre expulsé doit trouver une autre CA. Sa réputation le suit – pas formellement, mais par le bouche-à-oreille entre structures. Les CA qui l’accueillent en essai verront par elles-mêmes.

L’essai de 15 jours reste toujours possible. La porte n’est jamais définitivement fermée.

8.15 — Les structures riches et pauvres

Il y aura des CA riches et des CA pauvres, voire très pauvres. À chacun selon son travail. On ne fabrique plus des générations d’assistés – au contraire, les membres subissent les conséquences de leur comportement. Ils apprennent ce qu’ils n’ont pas déjà appris : la vie réelle.

Une structure qui n’est pas assez productive s’appauvrit. Elle se ressaisit avec ses membres, ou elle disparaît. Les résidents devront alors aller trouver ailleurs, mais l’expérience servira de leçon à la plupart.

C’est dur. C’est formateur. C’est la vie réelle.

8.16 — L’option autarcique

Pour ceux qui refusent toute règle collective – même les plus souples – il reste l’autarcie rurale. Un terrain isolé, une cabane, des outils de base. On se débrouille seul, sans rien prendre à la société.

Ce n’est pas une punition. C’est une offre. On t’a proposé des CA dirigées, des CA autogérées, toutes les variantes. Tu refuses tout ? Alors tu vis avec les conséquences de ton refus. C’est ton choix.

Et même là, la réversibilité existe. Celui qui change d’avis peut frapper à la porte d’une CA et demander un essai de 15 jours. La porte n’est jamais verrouillée.

Le système reste formateur, pas punitif.

8.17 — Le partenariat avec les assurances chômage

Les assurances chômage (AC) ont intérêt à orienter leurs assurés vers les CA : plus vite quelqu’un retrouve un cadre, moins longtemps l’AC paie des indemnités.

Information immédiate : dès le premier jour de chômage, l’AC informe de l’existence des CA comme option. Pas une menace de “vos droits arrivent à leur fin”, mais une offre dès le départ.

Pas une alternative, un complément : on peut chercher un emploi depuis une CA, avec l’aide d’une CA, tout en contribuant à une CA. Les deux se renforcent. La CA offre un cadre, des contacts, de l’entraide, un réseau. Le chômeur reste actif, utile, entouré, pendant sa recherche.

Prime au placement : l’AC peut verser une prime à la CA quand un membre retrouve un emploi. La CA devient un prestataire de réinsertion payé au résultat.

Aide au démarrage : l’AC peut aider à créer de nouvelles CA sans les financer durablement : mise en relation avec des lieux (villages désertés, friches), groupement de personnes intéressées, prêt de logements temporaires (pool de portacabines à rendre une fois les bâtiments définitifs prêts). Pas d’argent donné, pas de subvention – juste un coup de pouce logistique.

Collaboration et affiliation : il peut y avoir une collaboration formelle entre AC et CA, une sorte de mouvement, et cela peut même être une partie du revenu des CA. On peut aussi être un membre externe d’une communauté, provisoirement, avant, après, ou de façon permanente. On y vit, on y mange, ou on rapporte sa nourriture ou ses ingrédients chez soi, on y travaille. Mixité renforcée. Transitions douces.

8.18 — Les ressources dormantes

Des ressources inutilisées attendent d’être mobilisées :

Villages désertés : maisons à 1€, communes en quête d’habitants. Il existe des endroits en manque d’habitants qui ne demandent pas mieux que de voir arriver des gens.

Friches industrielles : bâtiments à rénover

Fermes abandonnées : terres agricoles en jachère

Bâtiments publics désaffectés : anciennes écoles, casernes, hôpitaux

Le deal implicite : “On vous donne les murs, vous ramenez la vie.”

Construire quelque chose à partir de rien, ensemble, en n’étant pas seuls, peut donner une raison de vivre à ceux qui n’en ont pas ou plus. Ils commenceront peut-être à vivre dans des tentes ou plutôt des préfabriqués, cela les motivera à construire leur communauté. D’autres trouveront des terrains abandonnés, friches industrielles, vieux bâtis, pour rénover, commencer autre chose.

8.19 — L’amorçage

Comment créer les premières CA ? L’histoire offre des modèles :

Les kibboutzim : des pionniers avec une vision commune, des terres disponibles, l’urgence de la survie. L’homogénéité culturelle se crée aussi dans l’action et dans le choix des structures. La survie collective du groupe jouera.

Emmaüs : communautés de travail autofinancées par la récupération, fondées pour les “cas désespérés”

Les Castors : mouvement d’autoconstruction coopérative après-guerre

Le Familistère de Guise : logements ouvriers collectifs qui ont fonctionné 100 ans

Les ingrédients communs : un projet qui unit, des gens qui n’ont plus rien à perdre, des ressources foncières sous-utilisées, et l’urgence personnelle des fondateurs.

La transition (section XX) devra créer les conditions de cet amorçage.

8.20 — Ce que les CA ne sont pas

Pas un hôtel où on paie une nuit.

Pas un restaurant où on paie un repas.

Pas un centre d’hébergement où on reçoit une aide.

Pas une entreprise d’insertion où on est “bénéficiaire”.

On est membre. On travaille. On contribue. On partage les fruits selon ce qu’on consomme.

8.21 — L’interdiction de sélection

Les CA ne peuvent pas sélectionner sur base religieuse, ethnique, politique, idéologique, ou tout autre critère identitaire. Elles peuvent proposer des options (repas végétariens, potager bio, salle de sport) mais pas imposer ni exclure.

Pas de ghetto. Cette interdiction est inscrite dans la constitution (protection des droits fondamentaux, domaine du Sénat, modification aux 4/5).

8.22 — La philosophie : le mutualisme volontaire

Les CA incarnent ce que le socialisme prétendait être – la solidarité, l’entraide, le collectif – sans ce qu’il était vraiment – la contrainte, l’État, la spoliation.

C’est du collectivisme volontaire dans un cadre libertarien. Entrée libre, sortie libre, autofinancé, pas d’État. Les CA coexistent avec le marché. Personne n’est obligé d’y vivre. C’est une option parmi d’autres.

Le socialisme a échoué parce qu’il était obligatoire. Le même modèle, rendu volontaire et concurrentiel, fonctionne.

Des gens s’y trouveront bien, et continueront d’y vivre. La diversité des règles fera que la majorité trouvera chaussure à son pied. Seuls ceux qui ne veulent suivre aucune règle, ou être aidés, seront encore “à la rue”. Et encore, on peut très bien envisager des systèmes de vie en autarcie à la campagne pour certains d’entre eux. Il n’y a pas de baguette magique, mais il faudra chercher des formules assez variées pour pouvoir satisfaire tout le monde, ou presque. Mais la clé est que chaque entité devra être financièrement autonome.


8.23 — Étude de cas : Les communautés collectives israéliennes (1909-présent)

Israël offre un laboratoire unique de vie communautaire volontaire avec deux modèles principaux : les kibboutzim (communautés entièrement collectives) et les moshavim (coopératives à propriété individuelle) [34][35]. À leur apogée dans les années 1980, les kibboutzim comptaient 125 000 membres répartis dans 270 communautés, tandis que les moshavim en regroupaient davantage encore.

La diversité des modèles

Contrairement à l’image monolithique souvent véhiculée, le mouvement kibbutzique comprenait plusieurs fédérations aux philosophies distinctes :

  • HaKibbutz HaArtzi (Hashomer Hatzair) : le plus collectiviste, laïc et socialiste
  • HaKibbutz HaDati : kibboutzim religieux combinant Torah et travail collectif
  • Takam : fédération plus modérée, issue de fusions
  • Kibboutz Poalim Datiim : autre mouvement religieux

Les moshavim représentaient une alternative moins radicale : terres cultivées individuellement par chaque famille, mais services mutualisés (commercialisation, achats groupés, crédit). C’est un modèle intermédiaire entre propriété privée et collectivisme intégral.

Ce qui a fonctionné

Longévité exceptionnelle. Plus d’un siècle d’existence continue [34]. Certains kibboutzim fondés dans les années 1910 existent toujours. C’est la preuve qu’une communauté volontaire peut traverser les générations.

Productivité agricole. Le modèle coopératif a permis de mobiliser collectivement les ressources pour défricher des terres arides et construire des infrastructures d’irrigation. Cet avantage de démarrage était décisif avant la mécanisation intensive [35].

Type% pop. rurale% terres cultivées% production
Kibboutzim≈ 21%≈ 35-40%≈ 40%
Moshavim≈ 44%≈ 40-45%≈ 36-40%
Total coopératif≈ 65%≈ 80%≈ 76-80%
Autres villages≈ 35%≈ 20%≈ 20-24%

Sources : Israel Ministry of Foreign Affairs (1999), Israel Central Bureau of Statistics (2017), OECD Review of Agricultural Policies.

Aujourd’hui, la productivité par hectare des coopératives est comparable à celle des exploitations individuelles — le modèle collectif n’est plus un avantage productif, mais il n’est pas non plus un handicap.

Les faillites comme preuve de bon fonctionnement. À partir des années 1980, plus de la moitié des kibboutzim ont fait faillite. Loin d’être un échec du modèle, c’est la preuve que la sélection naturelle fonctionnait : les structures mal gérées ou inadaptées ont disparu, les autres ont tiré les leçons et se sont réformées. Ceux qui ont survécu — environ 270 aujourd’hui — ont prouvé leur viabilité sur plus d’un siècle. C’est exactement ce que nous voulons pour les Collectivités Autonomes : pas de renflouement étatique, pas de survie artificielle, mais une évolution darwinienne des modèles organisationnels [35].

Bien-être des personnes âgées. Les études montrent que les membres âgés des kibboutzim présentent une espérance de vie plus élevée et un meilleur bien-être psychologique que la population générale [11][12]. Le cadre communautaire protège contre l’isolement.

Diversification réussie. Face aux difficultés agricoles, beaucoup de kibboutzim se sont diversifiés vers l’industrie, les services, le tourisme. Cette adaptabilité a assuré leur survie économique.

Coexistence de modèles variés. Le spectre allait du collectivisme intégral (kibboutz classique) à la coopération partielle (moshav), permettant à chacun de trouver un degré de mise en commun adapté à ses préférences.

Ce qui pose problème

Hémorragie des jeunes. Depuis les années 1980, les kibboutzim perdent leurs membres les plus dynamiques [36]. Les jeunes partent vers les villes, attirés par les opportunités économiques et la liberté individuelle.

Crise du collectivisme pur. Le modèle égalitaire strict (salaires identiques pour tous) a créé des tensions. Les membres les plus productifs se sentaient exploités. La privatisation partielle a été nécessaire pour survivre [35].

Dépendance aux subventions. Dans les années 1980, beaucoup de kibboutzim ont accumulé des dettes massives, renflouées par l’État. L’autofinancement n’était pas toujours réel [36].

Homogénéité culturelle. Les kibboutzim étaient essentiellement ashkénazes. Cette homogénéité a facilité la cohésion mais limité l’universalité du modèle.

Convergence vers le moshav. Aujourd’hui, la majorité des kibboutzim ont adopté des “différenciels” de salaire et la propriété privée partielle — se rapprochant du modèle moshav qu’ils rejetaient initialement [35].

Ce qu’on garde des modèles israéliens

  • La preuve que des communautés volontaires peuvent durer des décennies
  • Le bien-être des personnes âgées en communauté (validé empiriquement)
  • La diversification économique comme clé de survie
  • L’entraide naturelle qui remplace les mécanismes assurantiels formels
  • La coexistence de modèles variés (du plus collectiviste au plus individuel)
  • Le gradient de collectivisme entre kibboutz et moshav, que les CA reprennent

Ce qu’on améliore

  • Pas de subvention étatique : l’autofinancement strict est une contrainte constitutionnelle — les kibboutzim ont été renfloués par l’État
  • Pas d’homogénéité imposée : l’interdiction de sélection identitaire évite le ghetto — les kibboutzim étaient culturellement homogènes
  • Liberté de sortie sans stigmate : dans les CA, partir n’est pas une trahison — les kibboutzim vivaient les départs comme des défections

Ce qu’on ne reprend pas

  • L’égalitarisme salarial strict : source de tensions et de fuites des talents
  • L’idéologie socialiste : les CA sont pragmatiques, pas idéologiques
  • La dépendance à l’État : pas de renflouement en cas de faillite
  • Le modèle unique par communauté : chaque CA choisit son positionnement sur le gradient

8.24 — La pertinence contemporaine des collectivités autonomes : l’exemple des kibboutzim

L’existence de collectivités autonomes ne repose pas sur leur popularité, mais sur un principe fondamental : des individus libres doivent pouvoir s’associer pour vivre selon leurs valeurs, tant que les droits de chacun sont respectés. Cependant, l’histoire récente offre un indicateur empirique important : certaines formes de vie communautaire restent pertinentes aujourd’hui, car elles répondent à des besoins humains réels.

Une demande persistante malgré l’individualisme ambiant

Plus d’un siècle après leur création, dans une société israélienne devenue très libérale, très individualiste et fortement urbanisée, des familles continuent de demander à s’installer durablement dans des kibboutzim. Les chiffres confirment ce phénomène : la population des kibboutzim a augmenté de manière notable au cours des deux dernières décennies, passant d’environ 117 000 habitants en l’an 2000 à près de 190 000 au début des années 2020 [102]. Cette croissance ne s’explique pas uniquement par la natalité interne : elle inclut l’arrivée de nouveaux ménages désirant adopter un mode de vie communautaire.

Des reportages récents montrent que certains kibboutzim organisent des journées d’accueil attirant des dizaines de familles intéressées par une installation permanente [103]. En 2025, un mouvement réel de personnes cherchant à quitter les grandes villes pour rejoindre des communautés structurées s’est développé au point où certains kibboutzim disposent de listes d’attente et exigent une participation financière à l’entrée [104].

Après les événements du 7 octobre 2023, plusieurs organisations ont mis en place des dispositifs pour faciliter la relocalisation de familles dans des kibboutzim de la zone frontalière, avec l’objectif d’en accueillir jusqu’à 1 000 [105][106]. Ces initiatives ne concernent pas des séjours temporaires : elles s’adressent à des familles désirant s’installer et participer pleinement à la vie collective. De nouveaux kibboutzim d’éducateurs ont été créés, accueillant des centaines de jeunes adultes souhaitant vivre en communauté tout en contribuant à la reconstruction des zones touchées [107].

Les conditions d’entrée et de sortie

Le système d’entrée dans un kibboutz contemporain illustre un équilibre intéressant entre ouverture et engagement :

Entrée progressive. La plupart des kibboutzim proposent une période d’essai de plusieurs mois à un an avant l’adhésion définitive. Le candidat vit sur place, travaille avec les autres, et les deux parties évaluent la compatibilité. C’est précisément le modèle d’essai de 15 jours que les CA généralisent.

Contribution financière à l’entrée. Certains kibboutzim demandent désormais un “droit d’entrée” pouvant atteindre plusieurs dizaines de milliers d’euros [104]. Ce n’est pas un obstacle discriminatoire mais une garantie d’engagement : le candidat investit dans sa nouvelle communauté. Cette somme peut être remboursable partiellement en cas de départ.

Sortie avec compensation. Contrairement à l’image d’une communauté dont on sort les mains vides, les kibboutzim modernes (dits “renouvelés”) permettent aux membres sortants de partir avec leurs économies personnelles accumulées, voire une part de la plus-value immobilière si le modèle le prévoit [35][36]. Cette possibilité de “sortie avec quelque chose” est fondamentale : elle garantit que l’entrée n’est pas un piège.

Ces mécanismes — essai avant engagement, contribution à l’entrée, compensation à la sortie — correspondent exactement aux principes des CA : transparence sur les règles, liberté de sortie, et accumulation d’une épargne personnelle.

Ce que montre la demande persistante

Ces données ne “légitiment” pas en soi les collectivités autonomes — leur légitimité découle du principe de libre association — mais elles démontrent clairement que ce modèle reste pertinent et utile dans un contexte contemporain. Elles montrent que, malgré un environnement social dominé par l’individualisme :

  • Certaines personnes choisissent des structures collectives pour des raisons de sens (contribuer à un projet commun)
  • D’autres y cherchent la stabilité (cadre de vie prévisible, communauté solidaire)
  • D’autres encore la solidarité (ne pas affronter seul les difficultés)
  • Ou simplement une qualité de vie différente (moins de stress, plus de liens humains)

Le choix persistant de la vie communautaire, plus d’un siècle après l’invention du modèle, montre que ce type de vie n’est ni anachronique ni marginal : il répond à une demande humaine durable.

8.25 — Un nouveau métier pour une société pluraliste : le conseiller en placement communautaire

Si une société pluraliste autorise une grande diversité de collectivités autonomes — communautés solidaires, villages coopératifs, structures libérales, groupes écologiques, kibboutzim modernisés, fédérations de hameaux — un nouveau besoin apparaît : aider les individus à choisir l’environnement communautaire qui correspond le mieux à leurs valeurs et à leur mode de vie.

L’émergence d’intermédiaires

Dans la réalité actuelle, on voit déjà émerger des structures jouant partiellement ce rôle. En Israël, des organisations comme Torenu ou le Mouvement Kibboutzique servent de guichet de mise en relation entre kibboutzim et familles cherchant à s’y installer, en orientant les candidats selon leurs préférences et les besoins des communautés [105][107]. Des dispositifs similaires existent pour les moshavim et autres formes de vie communautaire.

Le modèle proposé généralise ce phénomène et formalise l’apparition d’un nouveau métier : le conseiller en placement communautaire.

Le rôle du conseiller

Ce conseiller aide chaque personne ou famille à identifier :

  • Son rapport à la solidarité (forte, modérée, minimale)
  • Son désir de vie collective ou au contraire son besoin d’autonomie
  • Ses attentes culturelles, éducatives, professionnelles et sociales
  • Le type de collectivité susceptible de correspondre à ses valeurs
  • Les implications pratiques d’une entrée ou d’un départ

Il ne s’agit pas de promouvoir un modèle particulier, mais de rendre lisible un paysage social pluraliste. Le conseiller traduit la liberté théorique en liberté praticable, en évitant que la diversité des collectivités n’avantage uniquement les plus informés ou les plus expérimentés.

Une fonction clé dans une société de liberté d’association

L’existence de familles cherchant encore à rejoindre des kibboutzim en 2025 — malgré une société individualiste — illustre la nécessité d’un tel rôle : des personnes désirent réellement vivre différemment, mais ont besoin d’aide pour identifier la communauté qui leur conviendra le mieux.

Le conseiller en placement communautaire devient un acteur clé de la société pluraliste :

  • Il accompagne la diversité sans l’orienter idéologiquement
  • Il sécurise les transitions (information sur les règles, droits, obligations)
  • Il facilite les essais (mise en relation avec des CA acceptant les nouveaux venus)
  • Il suit les parcours (aide à changer de structure si le premier choix ne convient pas)

Ce métier peut être exercé par des indépendants, des associations, des fédérations de CA, ou même des assurances chômage dans le cadre de leur mission de réinsertion. Son existence garantit que la liberté de choisir son mode de vie ne reste pas théorique.


8.26 — Étude de cas n°2 : Les coopératives de Mondragon (1956-présent)

Le groupe Mondragon, au Pays basque espagnol, est la plus grande fédération de coopératives au monde [43][44]. Fondé en 1956 par un prêtre catholique, José María Arizmendiarrieta, il emploie aujourd’hui plus de 80 000 personnes dans 95 coopératives couvrant l’industrie, la finance, la distribution et l’éducation.

Ce qui a fonctionné

Longévité et croissance. 70 ans d’existence continue, avec une croissance régulière de 5% par an en moyenne [43]. Mondragon a traversé la crise de 2008 et la pandémie de 2020 sans licenciements massifs.

Solidarité inter-coopérative. Les coopératives excédentaires transfèrent des fonds vers celles en difficulté. Un mécanisme de “relocalisation” permet de réaffecter des travailleurs d’une coopérative à l’autre. En 2013, quand Fagor (électroménager) a fait faillite, 1 800 travailleurs ont été réabsorbés par d’autres entités du groupe [44].

Écart salarial limité. Le ratio entre le salaire le plus élevé et le plus bas est plafonné à 1:6 dans la plupart des coopératives (contre 1:300+ dans les multinationales) [43]. Cet écart modéré maintient la cohésion sans décourager les talents.

Résilience aux crises. Plutôt que de licencier, Mondragon réduit temporairement les salaires de tous pendant les crises. La charge est partagée, personne n’est abandonné.

Éducation intégrée. L’Université de Mondragon forme les futurs coopérateurs. Le lien formation-emploi est direct.

Ce qui pose problème

Échec de Fagor. La plus grande coopérative du groupe (électroménager) a fait faillite en 2013 malgré les mécanismes de solidarité [44]. Preuve que l’autofinancement a ses limites face à la concurrence mondiale.

Sous-capitalisation chronique. Les coopératives ont du mal à lever des capitaux externes. Le modèle “un homme, une voix” rend l’investissement extérieur peu attractif.

Dépendance au marché espagnol. L’internationalisation reste limitée. Les filiales étrangères ne sont souvent pas des coopératives mais des sociétés classiques.

Tension entre démocratie et efficacité. Les décisions prises collectivement sont parfois lentes. L’agilité managériale est sacrifiée à la consultation.

Ce qu’on garde du modèle Mondragon

  • La solidarité inter-structures : les CA peuvent s’aider mutuellement
  • La relocalisation des travailleurs en cas de difficulté d’une unité
  • L’écart salarial limité qui maintient la cohésion
  • La résilience par le partage de la charge plutôt que par les licenciements
  • L’éducation intégrée qui forme les futurs membres

Ce qu’on améliore

  • Pas de fédération obligatoire : chaque CA est autonome, les partenariats sont volontaires
  • Ouverture aux capitaux externes : les CA peuvent avoir des investisseurs (transparence sur les règles)
  • Pas d’idéologie coopérative : certaines CA peuvent être entrepreneuriales avec un fondateur qui prend une marge

Ce qu’on ne reprend pas

  • Le plafonnement salarial rigide : chaque CA fixe ses propres règles
  • La solidarité obligatoire : le transfert entre structures est volontaire, pas imposé
  • L’exclusivité coopérative : les CA peuvent coexister avec des entreprises classiques

8.27 — Étude de cas n°3 : Les communautés Emmaüs (1949-présent)

Emmaüs, fondé par l’Abbé Pierre en 1949, est un mouvement de communautés de travail autofinancées par la récupération et le recyclage [45][46]. Présent dans 37 pays, il compte plus de 400 structures accueillant des personnes exclues.

Ce qui a fonctionné

Autofinancement par le travail. Les communautés Emmaüs vivent de la collecte, du tri et de la revente d’objets de seconde main [45]. Pas de subvention d’exploitation récurrente. Le modèle économique fonctionne depuis 75 ans.

Accueil inconditionnel. Emmaüs accueille quiconque frappe à la porte : ex-détenus, toxicomanes, migrants, personnes en rupture familiale [46]. Pas de sélection, pas de dossier, pas de délai. L’essai est immédiat.

Dignité par le travail. Le “compagnon” n’est pas un bénéficiaire d’aide. Il travaille, contribue, et reçoit un pécule modeste en échange. La relation n’est pas assistancielle.

Diversité des règles. Chaque communauté adapte son fonctionnement : certaines sont strictes (pas d’alcool), d’autres souples. Cette diversité permet à chacun de trouver une structure adaptée.

Insertion vers l’extérieur. Beaucoup de compagnons quittent Emmaüs pour reprendre une vie autonome. La communauté est une étape, pas une fin.

Ce qui pose problème

Dépendance au charisme fondateur. La mort de l’Abbé Pierre (2007) et les révélations posthumes sur sa vie privée ont fragilisé le mouvement [46]. La marque “Emmaüs” repose sur une figure, pas sur un mécanisme.

Statut juridique flou des compagnons. Les compagnons ne sont ni salariés ni bénévoles. Leur pécule (environ 350€/mois) n’ouvre pas de droits sociaux complets. Ce statut hybride est régulièrement contesté.

Économie fragile. La revente d’objets de seconde main subit la concurrence de Leboncoin et Vinted. Certaines communautés peinent à équilibrer leurs comptes.

Concentration en France. Le modèle reste largement français. L’exportation internationale est inégale.

Ce qu’on garde du modèle Emmaüs

  • L’autofinancement par le travail productif : pas de subvention récurrente
  • L’accueil inconditionnel : pas de sélection à l’entrée, essai immédiat
  • La dignité par le travail : pas d’assistanat, relation de contribution
  • La diversité des règles : chaque structure adapte son fonctionnement
  • L’objectif d’insertion : la communauté est une étape, pas une prison

Ce qu’on améliore

  • Pas de dépendance à une figure : les CA sont des structures, pas des mouvements
  • Statut clair des membres : la retenue sur revenu est transparente et ouvre des droits
  • Diversification économique : pas seulement la récupération

Ce qu’on ne reprend pas

  • L’identité caritative : les CA ne sont pas des œuvres de charité mais des communautés productives
  • Le statut flou des membres : clarté juridique et sociale
  • La dépendance à une marque morale : l’autofinancement suffit, pas besoin de légitimité caritative

8.28 — Étude de cas n°4 : Les communautés Amish (1693-présent)

Les Amish, descendants d’anabaptistes suisses et alsaciens installés aux États-Unis depuis le XVIIIᵉ siècle, forment des communautés autosuffisantes de 350 000 personnes [47][48]. Leur mode de vie volontairement archaïque offre un exemple extrême de communauté autofinancée.

Ce qui a fonctionné

Longévité exceptionnelle. 330 ans d’existence continue [47]. Les Amish ont traversé les révolutions industrielles, les guerres mondiales, la modernisation de l’Amérique, sans disparaître.

Croissance démographique. La population Amish double tous les 20 ans, grâce à des taux de natalité élevés et un taux de rétention des jeunes de 85-90% [48]. Les départs sont libres, mais rares.

Autofinancement total. Les Amish ne reçoivent aucune aide gouvernementale. Ils sont exemptés de Social Security (sécurité sociale américaine) car ils n’y participent pas et n’en bénéficient pas [47].

Entraide communautaire. Quand un membre a un problème (incendie, maladie, accident), la communauté se cotise. Pas d’assurance externe, mais une mutualisation interne efficace.

“Rumspringa” et liberté de sortie. À 16 ans, les jeunes Amish peuvent quitter la communauté pour découvrir le monde extérieur. Ceux qui reviennent (85%) font un choix éclairé [48]. Ceux qui partent ne sont pas persécutés.

Ce qui pose problème

Fermeture culturelle. Les Amish vivent en vase clos. Les mariages sont endogames. La consanguinité augmente certaines maladies génétiques [47].

Rejet de la modernité. L’interdiction de l’électricité, de l’automobile, de l’éducation supérieure limite l’adaptabilité économique. Le modèle ne scale pas.

Pression sociale forte. Le “shunning” (ostracisme) de ceux qui enfreignent les règles crée une pression conformiste intense. La liberté formelle (Rumspringa) coexiste avec une pression informelle massive.

Patriarcat. Les femmes n’ont pas de rôle de leadership. Le modèle est difficilement exportable dans une société égalitaire.

Ce qu’on garde du modèle Amish

  • L’autofinancement total sans aide de l’État
  • L’entraide communautaire comme alternative à l’assurance formelle
  • La liberté de sortie formalisée (Rumspringa) qui légitime le choix de rester
  • La longévité comme preuve de viabilité

Ce qu’on améliore

  • Pas de fermeture culturelle : l’interdiction de sélection identitaire évite le ghetto
  • Modernité assumée : les CA peuvent utiliser toute la technologie disponible
  • Égalité de genre : pas de patriarcat imposé
  • Diversité des règles : pas de modèle unique à reproduire

Ce qu’on ne reprend pas

  • La fermeture culturelle : les CA sont ouvertes à tous
  • Le rejet de la modernité : aucune restriction technologique
  • L’ostracisme : partir est un droit, pas une trahison
  • Le patriarcat : égalité de tous les membres